Friday, May 22, 2009

Après la pluie, ce n'est pas le beau temps à Kinshasa

Ceci est-il éthique?


Voilà notre nouvelle série de réflexions sur certains comportements que nous verrons désormais sur le terrain et que nous décrirons en demandant à nos lecteurs de nous dire si ces comportements sont éthiques ou non.

Aujourd’hui, nous introduisons notre réflexion avec l’éthique de la protection de l’environnement.


Quand il pleut à Kinshasa, c’est souvent la catastrophe.

Tout commence quand on entend des grondements de tonnerre. Nous nous envoyons des coups de fil ou des messages SMS en nous disant à peu près ceci : « attention ! Il va pleuvoir ; il faut vite prendre les précautions pour retourner à la maison avant qu’il ne soit trop tard »

Et pour cause ?

1) Après la pluie, ce n’est jamais le beau temps à Kinshasa comme le prétend le vieux dicton. Les eaux de pluie surabondent partout sur la ville, y compris dans les quartiers qu’on appelle milieux des nantis et des hommes du pouvoir.

2) Les voitures et autres véhicules de transport en commun sont garés par peur d’être emportés par les « crues » des « rivières qui se forment dans les rues. Il n’existe pas de bonne canalisation pour évacuer les eaux de pluie dans cette ville. Il y en avait quand les colonisateurs étaient encore là. Et puis, c’était prévu pour une population d’à peu près 500.000 habitants. Aujourd’hui, la population est évaluée à plus (ou près de ?) 10.000.000 d’habitants. Vous comprendrez que je ne fais même pas confiance à ces estimations. On les gonfle lorsqu’on veut gagner quelque chose — c’est le cas pour des provinces dans lesquelles on veut recevoir un financement, un électorat, etc. — ou alors on fait en sorte que les statistiques ne soient pas faisables puisqu’on a peur d’un nombre élevé de personnes, ce qui donnerait une occasion à des concurrents de réussir une action ou une élection. Disons que dans une ville de quelques millions d’habitants avoisinant une dizaine de millions, faire foi en une canalisation prévue pour un demi million n’a aucune logique morale, ni même autre. Les voitures sont garées par peur d’être emportées par ces eaux en crue. Il y a eu des morts comme cela il n’y a pas longtemps. Les voitures ont coulé avec leurs passagers au regard hagard des piétons.

3) Mais où vont ces voitures qui sont garées ? La ville a des petits débits de boisson appelés terrasses partout le long de routes. En ce moment, les terrasses ferment et les salons deviennent le lieu de refuge des voituriers mais aussi le lieu de vente de boissons. Il s’agit d’une bonne occasion de vente pour les tenanciers des terrasses mais aussi de passe temps pour les voituriers et leurs passagers.

4) Comme beaucoup de « maisons » n’ont pas de fosses septiques des toilettes dans beaucoup de quartiers, et qu’une seule fosse peut servir plusieurs de ces « maisons », ces fosses sont vite pleines. Elles sont tout simplement vidées et le contenu est laissé à couler avec les eaux de pluie, polluant un peu plus ces eaux déjà polluées par les poubelles naturelles qui pullulent autour des « maisons ».

5) Pendant ce temps, les quelques travailleurs et promeneurs qui ont pris le risque de braver les eaux pour retourner chez eux marchent à pieds dans ces eaux polluées. Si par un malheureux hasard une personne de bonne volonté n’a pas pensé à couper le courant quand commençait la pluie, certains piétons marchent carrément sur des fils électriques souvent nus ou sont électrocutés par l’eau qui traverse les zones à tension électrique.

6) Entre temps, où se trouvent les autorités supposées au service du peuple qui les élit ? Je n’en sais rien. Elles méritent d'ecouter cette interpellation: les colonisateurs ne retourneront plus nous construire le système de canalisation des eaux et le système d'approvisionnement de Kinshasa en électricity. Mais où sont nos autorités? J'ai déjè répondu à cette question: je n'en sais rien. Tout ce que je peux demander à tout le monde, c’est de répondre à la question suivante : ceci est-il éthique ?

Conseil d'ami: Respectons notre environnement si nous ne voulons pas qu’il nous engloutisse d'ici là.

Vos commentaires nous feraient plaisir

Bavon Mupenda, CIBAF, Kinshasa, RDC

Thursday, May 14, 2009

L’IMPACT DE GREVES DANS LE MILIEU HOSPITALIER

Dans l’esprit du père fondateur de la médecine, Testament d’Hippocrate, les personnels soignants doivent jouir d’une bonne vie sociale. Du reste, c’est le droit le plus légitime pour toute personne.

Mais il s’avère dans les pays à ressources limitées qu’on assiste à la clochardisation de toutes les couches de la société, sans épargner les personnels soignants (médecins, infirmiers, paramédicaux), avec dégradation des conditions de travail.

La démocratie faisant la ronde, les mouvements syndicaux prennent corps et tentent de présenter les revendications sociales de ces travailleurs aux gouvernants pour des solutions éventuelles. Cependant, ces derniers, dans la plupart de temps, font la sourde oreille.

Les négociations syndicats – gouvernement échouent ; le gouvernement est opaque aux revendications sociales des travailleurs ; il ne bouge pas et ne propose rien, sinon des promesses des propositions inacceptables.

Devant cette situation, les syndicalistes pensent rendre plus visibles leurs revendications à l’échelle nationale et internationale ; ils proposent, entre autres, aux travailleurs de faire la marche. Face à la répression de la police, la marche échoue ; le gouvernement est imperturbable, la situation sociale des travailleurs est au statu quo.

Les travailleurs décident alors de ne plus travailler, c’est la grève. La grève peut atteindre tous les secteurs, selon les cas, y compris celui de la santé, dans les milieux hospitaliers.

Au premier mot d’ordre de grève, les travailleurs observent un service minimum ; si la situation ne s’améliore toujours pas, ils procèdent à ce qu’ils appellent eux-mêmes « une grève sauvage » i.e. sans service minimum.

Et c’est dans ce cas de figure que nous nous retrouvons.

Quel est l’impact de cette grève dans le milieu hospitalier ?

Selon les périodes, c’est soit les médecins, soit les infirmiers ou les paramédicaux qui vont en grève. Notre préoccupation est de proposer une réflexion sur les victimes de cette grève dite sauvage.

En effet, nous n’y pensons peut-être pas, moins la classe dirigeante. Il y a des vies sacrifiées qui pouvaient être sauvées. Le manque des soins en est la cause. Manque des soins dû à la grève.

Voici deux de cas illustratifs :

Les médecins en grève

…Le mouvement de grève se déclenche, les hôpitaux se vident des soignants, les malades hospitalisés sont libérés. Une mère épuisée, aire affamée, …un enfant enveloppé dans ses bras, vient de descendre d’un taxi en provenance d’un centre hospitalier de la périphérie de Kinshasa déserté à cause de la grève pour un hôpital de référence de Kinshasa…

A l’entrée dudit hôpital, des rameaux de palmier, signe de grève ; elle est accueilli par le gardien. Celui-ci lui dit : « Où allez-vous ? Il y a grève, il y a personne… ». Cette mère reste figer comme s’elle n’étendait pas le garde parlait ; elle lève les yeux vers le ciel et elle redescend pour regarder son bébé. Le bébé soupirait pour rendre l’âme. Elle serra son bébé contre sa poitrine, elle se cria, pleura à flot de larme. Un bébé qui aurait peut-être sillonné des hôpitaux avec sa mère à la recherche des soins ; il mourut sans soins.

Le second cas

Les infirmiers et paramédicaux en grève

Nous sommes dans les soins intensifs d’un hôpital de référence de Kinshasa.
La grève se déclenche, les grévistes arrangent les matériels dans leurs boites et les placent sous clé dans leurs armoires.

Un enfant dyspnéique, faisant probablement une Pneumonie à Pneumocystis jirovici, oxygéno-dépendant, devrait « se débrouiller » pour lutter sans oxygène…il mourut dans un tableau de dyspnée sans assistance.

La question qu’on peut se poser tous : est-ce que le gouvernement congolais et les syndicats disposent des statistiques des décès dus à la grève ?

Quant aux responsabilités des uns et des autres, que dirions-nous ?

- Le gouvernement, premier responsable de l’organisation de la vie en société, devrait garantir à la population - entre autres - un système de santé efficace qui assure de bonnes conditions d’accueil des malades et de travail pour le corps soignant; en plus, assurer à ces derniers une rémunération adéquate et régulière afin de prévenir des mouvements de grève qui paralysent la prise en charge des patients et ainsi, occasionnent des morts « gratuites ».

- Les grévistes (les syndicats), les corps soignants (les médecins) qui, par le serment d’Hippocrate, ont juré d’assurer le bien-être des patients dans la mesure de leurs forces et connaissances, sans citer leurs conditions de vie sociale, devraient réfléchir deux fois s’il faut abandonner les malades pour leurs « ventres ». Car, dans la plupart des cas, la classe dirigeante n’en pâtit pas.

Les infirmiers, collaborateurs directs des médecins, devraient également avoir le même égard envers les patients.

Ces morts doivent nous aider à réfléchir, gouvernant comme syndicats.

Ces morts irrécupérables même après la grève.

L’année dernière, en 2008, les médecins sont allés en grève deux fois (deux mois la première fois et quatre semaines la seconde) pour revendiquer principalement l’amélioration de leurs primes dites primes de risque et la mécanisation des médecins nouvelles unités.

Ils ont repris service après une résolution partielle de leur revendication, les médecins nouvelles unités ont été mécanisés et les primes de risque actualisés au taux du jour (parité francs congolais – dollars américains) sans majoration.

Les infirmiers et paramédicaux partis en grève principalement pour de raison presque similaire, l’amélioration de revenu, reprennent service quatre mois plus tard sans compromis avec le gouvernement mais avec des pistes de solution.

De nouveau au service, satisfaits ou pas de leurs revendications, qui pensent aux morts ? Aux patients délaissés qui ne sont plus ?

Qui posent la question : combien en sont-ils morts ?

Des morts que nous pouvions éviter …
Par Tomi Tshikandu, MD -
Coordonnateur Réflexions sur soins ancillaires (CIBAF, UNC DRC)